Cosmopolite, le travail de Vincent Abadie Hafez est le résultat de métissages, aux confluences de plusieurs cultures.
Dès 1988 c’est sous le pseudonyme de Zepha qu’il s’investit au sein du mouvement graffiti. C’est en banlieue parisienne qu’il commence à imposer son nom et celui de son équipe ; il ne s’arrêtera pas depuis…
Il s’approprie l’espace public et bouscule certaines habitudes visuelles : une sur urbanisation latente est en train d’être dénoncé…
Tout comme un mot écrit sur le sable son art se veut tout d’abord éphémère et accessible à tous.
Vincent Abadie Hafez développe un univers et un langage visuels dans lesquels se croisent le travail artisanal des anciennes civilisations, le mouvement Figuration libre, l’ Abstraction lyrique et le street art. Une esthétique à la croisée de deux mondes, l’ancien et le moderne, révélant un juste équilibre du trait instinctif et de la composition réfléchie et dans laquelle l’espace cosmique entrerait en collision avec l’infiniment petit.
Les configurations hybrides révèlent divers aspects, mixant les médiums et métissant les techniques… Naissent alors des totems anthropomorphes en deux dimensions, usés par l’érosion et sur lesquels apparaissent des traces, signes et symboles calligraphiés; les déliés et les pleins qu’on y retrouve aboutissent alors moins à une écriture qu’à une construction.
Un souffle graphique composé de formes sauvages habitées d’une énergie rebelle à volonté humaine qui met
en lumière un ordre inhérent à l’équilibre de l’univers, et qui transparaît même au sein d’un chaos supposé.
Contrastes, oppositions et complémentarité enrichissent une production d’oeuvres réalisées sur de multiples supports bruts de récupération, usés par le temps, porteurs de mémoire, aboutissement d’un questionnement sur ce monde semblant oublier les principes mêmes de son existence…
Vincent Abadie Hafez par Vincent Abadie Hafez
« Influencé très tôt par les représentations rupestres préhistoriques, c’est plus tard, et naturellement que je prends part au développement du mouvement graffiti dès la fin des années 80. Au fil du temps, ma démarche s’est enrichie d’inspirations issues aussi bien de mouvement artistiques comme l’abstraction lyrique (art informel avec G.Mathieu, H.Hartung, J.Degottex, Jay Defeo, G.Titus-Carmel) ou la figuration libre que d’influences comme les arts Premiers, l’écriture et l’art des anciennes civilisations.
Ma production artistique est à la croisée des premières représentations écrites et d’un langage graphique « moderne », toujours basée sur une relation intime avec le support, à la recherche d’un juste équilibre entre le geste instinctif et la composition réfléchie.
Un éventail de technique et de médium allant du graffiti, au volume, en passant par la calligraphie et la gravure, me permet de mettre en exergue des questionnements comme le lien qui unit l’Humanité quant à ses origines au sein d’un mouvement commun (rapport à l’unicité / images fractales)
Actuellement par le biais d’une recherche sur la « matrice », élément fondamental pour le travail de gravure et plus particulièrement « l’eau forte » je mets en avant un travail sur la trace, l’empreinte (au sens moral / physique) qui apporte un questionnement sur l’action de l’Homme et ses répercussions.
Pour finir, l’idée d’altération, de début et de fin, qui s’appuie sur le concept ancien de cyclologie, de mouvement du temps et de cette phrase célèbre faussement attribué à Lavoisier mais initialement énoncée par Anaxagore de Clazomènes : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » qui laisse entrevoir la fragilité de la matière par rapport au temps, englobe l’ensemble de cette recherche. »
Vincent Abadie Hafez