SWIZ – 20 Avril > 15 Mai 2018
L’artiste français présente sa deuxième exposition personnelle à la David Bloch Gallery, » OPEN SYSTEM «. Il expose une nouvelle série de travaux – peintures et bas-reliefs.
Swiz est un artiste français né en 1983. Il vit et travaille à Paris.
» OPEN SYSTEM « fait suite à « CHAOS CONTROL », première exposition personnelle de Swiz à la galerie David Bloch en 2016, lors de laquelle l’artiste visait à trouver un équilibre dans la densité. » OPEN SYSTEM « fait référence à un processus qui a la particularité d’interagir de manière permanente avec son environnement.
Les oeuvres présentées ici apparaissent comme des interprétations libres de l’environnement de Swiz, de l’hiver gris parisien de son atelier au printemps marocain de la Kasbah et ses murs ocre rouge. Le tout réinterprété à travers le prisme des formes et couleurs.
Constructions et architectures sont ici injectées dans un langage hybride, appliquant une rigueur mathématique dans la déconstruction puis la retranscription de ces informations. La suppression du fonctionnalisme permet à l’artiste d’extraire de son environnement un registre formel lui servant à créer de nouveaux espaces, où les constructions classiques laissent place à une géométrie complexe et dynamique. Le travail sur toile révèle des territoires aux volumes fragmentés, tranchés de manière nette par des lignes radicales.
Les structures métalliques élaborent des strates, invitant le spectateur à la circulation en se déplaçant devant les oeuvres pour se frayer un chemin, en percevoir les parties cachées ou invisibles, les portes entrouvertes. Elles sont conçues dans le but de générer de nouveaux espaces sous-terrains reposant sur la notion de recouvrement et les volumes évidés donnent à voir tant qu’ils dissimulent.
Chaque pièce peut alors être perçue comme une piste, l’élément d’un plan imaginaire à déchiffrer.
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« Swiz érige des structures dont l’intrication parfois à peine suggérée provoque le sensoriel. La perception est gouvernée par des compositions chromatiques créées sans que le hasard y trouve un quelconque terrain d’expression»….
« La couleur, dimension fondatrice de l’oeuvre, se présente sous une pluralité de teintes accordées selon une partition tout aussi planifiée. Les jeux de transparence composent une harmonie qui ne naît qu’à travers ses relations; complémentaires, fondues, contrastées, quelle qu’en soit la nature, le bien-fondé des accords reflète l’oeil habile et sophistiqué de l’artiste.
La trame poursuit son évolution, elle se forme, prend vie, se déconstruit même parfois pour échafauder un nouveau plan, tandis que le cap reste inchangé; il s’agit de constituer « la » combinaison, celle qui laissera paraître, au delà des formes, au delà des lettres, un ressenti subliminal, celui de l’équilibre, de la justesse véritable »…. « Un langage hybride comme pour livrer l’intime avec pudeur, transmettre délicatement l’essentiel dissimulé derrière le structurel.
L’affectif est sous-jacent. Il conditionne la production, définit son essence et en exacerbe la portée. Cet ancrage du sensible s’articule pleinement avec la notion de territoire et se révèle dans sa pratique urbaine in situ. Des lieux sanctuarisés par l’oubli, qu’il investit pour leur charge émotionnelle, l’âme d’un passé lointain, d’un fourmillement révolu dont l’énergie indélébile devient créatrice. Cette esthétique du délabrement s’apprivoise en une potentialité inspirante qui devient le théâtre de mises en scène multimatières et colorées. »
Texte de Caroline Ruggeri / Urbanity
« La dimension strictement contemplative de la peinture abstraite ne m’intéresse pas. Formes et couleurs ne sont pas autosuffisantes. C’est pourquoi je conserve une structure, qu’elle soit alphabétique,architecturale, figurative ou non. Cette structure ne doit pas non plus se montrer trop restrictive ni tyrannique et laisser la place à l’égarement. …. En voyageant, j’ai pris conscience de l’importance de se perdre. J’ai été frappé par la manière dont les gens, lorsqu’ils découvrent un endroit, ont les yeux rivés sur une carte ou un guide, effrayés par l’idée qu’ils pourraient à un moment ne plus savoir où ils sont ni comment retourner à leur point de départ, si rassurant puisque connu. J’ai au contraire naturellement toujours tendu vers l’égarement, qui laisse place à la découverte, l’inconnu et nous confronte à nos émotions. Sans doute faut-il savoir se perdre pour trouver »…. « Aussi, mes peintures invitent à l’égarement, à se frayer son propre chemin ou à découvrir les mots qui s’y trouvent éventuellement. Mais je ne cherche pas à laisser le spectateur complètement perdu face à une situation inextricable, une structure géométrique apparaît suffisamment nettement pour qu’il puisse « avancer ». Dans mon cas, cette structure est assez similaire à celles des villes telles que nous les connaissons en occident. »
Extrait d’un entretien de SWIZ avec Caroline Ruggeri / Urbanity
«Est-ce le désordre des lieux à l’abandon qui lui ont finalement insufflé ce besoin d’organisation, ou plutôt l’envie de donner du sens à son travail dans la logique d’une mathématique des formes, voire d’une mathématique des mots»… «La géométrie de son support serait alors la conséquence de ses errances.
Toutes ces salles si souvent investies par l’artiste, telle des boîtes qui s’ouvrent et se déplient, le positionnent alors dans un jeu de « géo localisation » : JE SUIS ICI. Et comme un jeu astucieux de facettes il suffit de s’attarder un peu sur une oeuvre pour trouver la combinaison et décrypter son message.»
Extrait du texte de Florent Perrigault