La galerie est ravie de présenter une nouvelle exposition personnelle de Vincent Abadie Hafez à Marrakech – artiste résident depuis 2010.
A la suite d’une traditionnelle résidence à Marrakech, Vincent Abadie Hafez propose une exposition protéiforme – toiles, papiers et bas-reliefs.
Une installation monumentale sera également réalisée sur site.
L’artiste nous emmène dans son univers graphique à travers des oeuvres marquées par son langage universel et intemporel.
Le vernissage a eu lieu le Vendredi 6 Octobre à 19H en présence de l’artiste.
L’exposition se tiendra jusqu’au 5 Novembre.
Intention :
« Je me suis fait architecte d’une cité moderne envahie par un flux binaire, organisant ces fragments de lettres. Composant une architecture faite de protoalphabets.
Et aussi chef d orchestre du monde invisible des ondes qui de toutes parts ne cessent de nous traverser. En résulte des fenêtres à la lumière blafarde avec vue sur un monde de pixel où la Ville – la Vie – se métamorphosent en algorithmes. Ces écrans, jalousies ou moucharabiehs modernes présentent l’aspect contemporain du voyeurisme voulu, aux confluences de la connexion avec l’humain et ses congénères, mais aussi de la rapidité à laquelle tout cela prend vie.
« Urban Jealousy » est une allégorie de cette accélération. C’est une étude qui se veut anthropologique, et à l’aune de soi-même. A l’heure où l’on surveille les comportements des autres, les envies, nous tendons à oublier de converger vers nous-même. »
La lettre comme fondement d’une abstraction universaliste
« Dans une chorégraphie à l’aisance virtuose, Vincent Abadie Hafez “Zepha”, compose une partition rituelle délivrant la lettre de son carcan sémiotique pour n’en conserver que l’essence d’une esthétique, la portée transculturelle d’un signe. L’entrelacs de caractères aux origines métissées structure une multiplicité de contrastes. Logique formelle et confusion des lignes, pragmatisme et gestuelle instinctive, le point d’ancrage s’incarne dans le mouvement et l’abstraction qui en émerge. L’ensemble déploie une rythmique concentrée, dynamisée par des espaces réguliers, des respirations silencieuses parfois même insoupçonnées, révélant une oeuvre exigeante et impliquante. Le geste est technique, légataire de pratiques calligraphiques ancestrales et s’enrichit d’une contextualisation urbaine, contrastante et inattendue mais tellement essentielle pour l’artiste.
La ville, entité désormais rompue aux expérimentations artistiques plurielles, propose une mise en scène parfois monumentale à cette écriture du ressenti. L’effet d’échelle fait honneur à l’une des composantes fondatrices du processus créatif: la régularité du geste, la constance du caractère, converti en symboles picturaux à intervalle fixe. Ancrées dans un environnement de l’ordinaire, les fresques de Zepha tirent profit des ressources inhérentes à ce médium d’expression qu’il affectionne depuis ses débuts, grâce aux interactions spontanées qu’il provoque.
L’écrit conserve la trace, l’implantation urbaine en décuple la dimension éphémère. Ce paradoxe secondaire est exploité parallèlement à travers la création d’oeuvres « palimpsestes », nécessitant l’intervention du spectateur pour dévoiler la création de l’artiste, en éraflant une couche de latex apposée en surépaisseur. L’usure, la dégradation, les stigmates du temps infligés à l’oeuvre, font dès lors écho à la pratique originelle de l’artiste, le graffiti, en procurant toutefois une réflexion implicite évoquant l’impact de l’homme sur l’espace et le temps et plus largement son rôle à jouer dans l’évolution des rapports interpersonnels dans nos sociétés contemporaines. Soumettant un dialogue authentique entre la conservation d’arts ancestraux (calligraphie traditionnelle, gravure à l’eau forte, marqueterie) mis en relief par une approche actuelle et populaire, sa démarche fait sens dans la diffusion d’un héritage trans-civilisationnel, terreau fertile à la construction d’un avenir où il est permis de rêver, d’avoir foi en l’Homme, en son aptitude à dépasser les clivages.
Artiste nomade, il trouve reconnaissance et respect auprès des fondateurs de la calligraphie urbaine et prend part à des rendez-vous incontournables de la scène artistique internationale.
L’imbrication des caractères arabes et latins écrivent les prémisses d’une histoire collective, d’un langage atemporel, d’une abstraction à intérioriser. Nos alphabets si disparates soient-ils, détiennent une portée fédératrice, transcendant les origines de chacun. Calligraphier pour unir, l’oeuvre de Zepha, est imprégnée de ses valeurs; comme une incantation à l’universel, un humanisme contemporain induit par le pouvoir du signe, fondement commun des civilisations, révélé par un art dépassant toutes frontières, toutes altérités. »
© Urbanity – Urban fine art gallery