La David Bloch Gallery est honorée de présenter la quatrième exposition personnelle de Sébastien Preschoux à Marrakech.
L’artiste présente une série de nouvelles œuvres sur bois ainsi qu’une installation in-situ.
Le vernissage a eu lieu le Vendredi 10 Mars en présence de l’artiste.
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Qu’est ce qui anime un artiste à produire inlassablement ? à se remettre en question ? à interroger son travail sur sa forme technique et esthétique ?
Quelle est la source de cette force quasi inconsciente qui pousse un individu à agir, à tendre vers une direction donnée ? Quel est son tropisme ?
« La récompense du curieux » agit sur Sébastien tel un tropisme de création. Son précepte artistique incarne la satisfaction de l’acquisition de savoir et de dextérité ressentie à la fin d’une œuvre, la gratification d’être allé au bout d’une idée, d’une sensation, d’une intuition. L’impatience suscitée par la découverte d’une nouvelle possibilité induite par l’exploration d’une nouvelle piste de travail. Le vertige lié à l’étendue des pistes créatrices encore inexplorées.
C’est sur cette base de travail et de réflexion que Sébastien a amorcé sa production pour sa quatrième exposition personnelle à la David Bloch Gallery. Ne s’appuyant que sur ce précepte de « la récompense du curieux », Sébastien a laissé déroulé son processus créatif sur l’ensemble des œuvres présentées pour cette exposition.
Chaque œuvre produite a nourrit la suivante et reflète l’aboutissement de phases d’exploration et de spontanéité. Cet ensemble livre une exposition riche en diversité, car au-delà de la simplicité (ou de la complexité) apparente de certaines pièces, Sébastien a réussi à offrir un juste équilibre entre la forme et la technique, le tout présenté sur une majorité de pièces grand format, mais aussi accompagné d’une installation.
BIOGRAPHIE:
Sebastien Preschoux – 1974 / Paris
Profondément marqué par l’art optique, mais également par les valeurs de l’enseignement du Bauhaus prônant une instruction axée sur la valeur fondamentale du travail manuel, Sébastien créé inlassablement des dessins de plus en plus complexes pouvant rivaliser avec ce qu’une machine pourrait produire en quelques instants. Par cette démarche il a su créer une confusion visuelle chez le spectateur pouvant amener ce dernier à s’interroger sur l’origine (humaine ou mécanique) de ses travaux. Mais ce n’est qu’en s’approchant que le spectateur aura pu identifier les stigmates du passage de la main humaine, attitude que Sébastien nomme la récompense du curieux.
Son travail ne se limite pas à une production en 2 dimensions, mais trouve une correspondance en 3 dimensions par le biais d’installations de fils, souvent réalisées en milieu naturel, lui offrant ainsi une parfaite liberté tant en terme de taille que de diversité. Pour cela il travaille en collaboration avec le photographe Ludovic LE COUSTER, qui oeuvre, lui aussi, avec des outils non numérique, mais leur préfère des appareils photographiques argentiques moyen format.
« Regarder oeuvrer Sébastien PRESCHOUX c’est accepter d’osciller entre la sérénité d’un ouvrage se laissant construire sans précipitation et la tension d’un geste infiniment précis, gracieusement mesuré, drastiquement régit par un processus de mesures et de comptage.
Le travail s’étire dans le temps, rythmé par le geste répété du maniement de la règle puis du compas. Sans impatience, Sébastien PRESCHOUX déroule le mouvement du dessin dans le temps, laisse la matière se déployer dans l’espace.
Cette manière qu’on pourrait penser laborieuse de tracer la ligne, de former la courbe ou de tendre le fil s’éprouve, pour le spectateur attentif au travail en train de se faire, comme un instant d’apaisement. Répétition de gestes délicats, sans à-coup, le temps de création s’apparente ici à une litanie gestuelle douce au regard.
On pourrait trouver étonnant le choix de cet artiste qui s’est frotté à la profession de graphiste durant un temps, de revenir aux fondamentaux : la main, le corps, l’engagement physique. Trouver plus étonnant encore d’entretenir l’ambiguïté de sa pratique par les motifs qu’il convoque et qui de fait, pourraient aisément passer pour des images PAO ou des photomontages.
Pour l’artiste, c’est prendre le risque d’être taxé de faiseur par un défaut d’attention que le spectateur porterait à la matière ou de suranné par l’adepte de la machine.
En deux dimensions, les dessins de Sébastien Preschoux semblent aminés de vibrations, imputables peut être aux imperfections inhérentes au caractère faillible de la main. Pourtant patents, la qualité des supports, les sillons de l’encre creusés par les pointes, les lignes de poinçons laissées par le compas sont les balises physiques qui créent le motif, ô combien éloigné de la planéité d’une impression numérique.
Tridimensionnelles, les installations diffractent la lumière et trouvent dans le cadre naturel de leur implémentation un écrin évident. Photographiées par Ludovic Le Couster, ces pièces de fils acquièrent un aspect presque surréel qui tend à amalgamer les épreuves à des photomontages.
La frontière entre l’art et l’artisanat se fait mouvante et l’homologie avec le rendu numérique trop troublante. Un regard sans exigence sera trompeur. L’endurance du travail de création pose la condition sine qua none d’une lenteur bienveillante dans la visite, pour que réelle soit la rencontre de l’oeil et de l’objet. »
Valérie NAM